Château Croque-Michotte

 

MEMORANDUM – 30 janvier 2008

 

Le classement de 2006 – Composition de la commission

 

 

 

 

 

Pour les classements de 1955, de 1969 et de 1986, le Syndicat Viticole de Saint-Emilion avait nommé une commission de neuf membres qui devaient habituellement pratiquer la dégustation pour des raisons professionnelles comme le rappelle fin 2004 le supplément à la lettre du  Syndicat Viticole de Saint-Emilion concernant le classement : « La Commission chargée de procéder au classement est nommée par l’INAO, sur proposition du Syndicat Viticole de Saint-Emilion. Une majorité de courtiers bordelais et libournais figuraient dans la composition des trois premières commissions de classement. ». Pour le classement de 1996 une autre composition de la commission a été instaurée, et ce choix a été conservé pour le classement de 2006, comme mentionné dans le même supplément à la lettre du  Syndicat Viticole de Saint-Emilion : « Pour le classement de 1996, le Syndicat Viticole de Saint-Emilion a proposé à l’INAO un éventail large de compétences des experts, qu’il s’agisse bien sûr du courtage ou du négoce ou encore de l’œnologie, du travail de la vigne, de l’étude des sols, ou encore des représentants des milieux économiques et juridiques. Il en a été de même pour le prochain classement. »

 

Cette nouvelle méthode s’est avérée être une fausse bonne idée. On a choisi une majorité de membres de la commission parmi des gens pour leurs compétences qui n’ont rien à voir avec la dégustation et on a utilisé ces personnes comme dégustateurs ! Imagineriez-vous un jury du Conservatoire National de Musique de Paris qui comprendrait, outre un accordeur, un producteur et deux éditeurs de musique – jusqu’ici, rien d’anormal, à part le manque d’instrumentistes -, une majorité de professions telles que un spécialiste de l’acoustique des bâtiments, un chercheur sur la qualité des bois et des métaux des instruments, deux juristes, un économiste, un spécialiste thermique, etc. ? Non, bien évidemment, un tel jury serait absurde. Il en est de même de la composition de la commission du classement de Saint-Emilion qui ne comprend qu’un œnologue, deux courtiers et un négociant. Elle ne comprend aucun viticulteur (comme aucun instrumentiste au jury du Conservatoire dans la supposition ci-avant), aucun maître de chai, aucun vinificateur. On aurait aussi pu imaginer un représentant des consommateurs qui goûtent, payent et dégustent ; il n’en est rien ! Et c’est précisément avec ce changement de qualification des membres de la commission qu’ont commencé les problèmes et les recours.

 

La commission de classement n’est pas compétente pour la dégustation. A l’heure où les viticulteurs, les courtiers, les négociants et les œnologues, qui sont membres des jurys d’agrément des vins d’AOC se soumettent à des séances de formation et d’évaluation de leurs sensibilités et de leurs compétences de dégustateurs, il paraît véritablement incohérent de nommer une commission de classement des vins au plus haut niveau et dont les membres n’ont même pas les compétences des dégustateurs d’agrément. Là encore on peut regretter l’absence de règlement et de procédure de choix et de travail des dégustateurs. Le Syndicat Viticole de Saint-Emilion a été extrêmement imprudent en changeant les compétences des membres de la commission en 1996, puis en persistant dans ses erreurs – nombreuses par ailleurs – que j’avais signalées lors de nos séances de travail et d’échanges de courriers – consultables par toute personne intéressée – les 6 mai 2001, 7 octobre 2001, 17 décembre 2001, 21 mai 2003 !!!

 

En conséquence il apparaît que nous avons prouvé que le classement de Saint-Emilion de 2006 doit être annulé et recommencé avec une redéfinition des objectifs du classement, un nouveau règlement pour candidatures, la création d’un règlement  comprenant les procédures précises d’évaluation et de travail des membres de la commission de classement, ainsi que la vérification et l’utilisation de leurs compétences. Ce règlement prévoirait l’utilisation de rapports d’experts pour les spécialités n’ayant pas de rapport avec la dégustation. Bien sûr ces experts ne feraient pas partie de la commission, qui pourrait les entendre, et ne dégusteraient pas. Les finances le permettent puisque chaque candidat paye depuis 2004 des frais d’inscription de 1500 €. A ce sujet, nous souhaitons la communication des comptes justifiant l’utilisation des sommes ainsi collectées.

 

Pierre Carle

30 janvier 2008